12 novembre 2007
Soupe “mai(n)son†– Partie 3
***ATTENTION, LE TEXTE QUI SUIT COMPREND DES PASSAGES POUVANT NE PAS CONVENIR AUX COEURS SENSIBLES ET NE CONVENANT ASSURÉMENT PAS AUX ENFANTS***Â
(Voici les deux premières parties: partie 1 – partie 2)Â
Une poussée d’adrénaline m’envahit et me propulse hors de ma chaise. Je titube jusqu’à  un escalier, qui, à ne plus finir de monter, me fait réaliser que je n’ai pas regagné la sortie comme je l’aurais souhaité. Plus je monte, plus le bourdonnement de tous mes sens se précise.
La souffrance que j’avais perçue parmi les martèlements de sensations s’amplifie. Des cris intérieurs viennent fendrent mon âme. Je ne peux m’empêcher de pleurer tant l’émotion est forte. C’est comme si plusieurs voix m’exprimaient leurs souffrances toutes en même temps. Jamais une communication n’avait malheureusement pour moi été aussi parfaite. Il me vint à l’esprit que je n’étais peut-être seulement qu’en train d’halluciner.
Rendu en haut de l’escalier, je réussis à voir un corridor à travers le bourdonnement de mes sens. Je m’engage dans celui-ci, plus par défaut que par choix. Je ne voie pas en effet comment je pourrais descendre l’escalier dans mon état actuel. Mais surtout, je me sens comme appeler par les voix intérieures, malgré la souffrance qu’elles me font porter.
Le corridor semble être formé d’un mur de brique à ma gauche et s’ouvrir sur une série de pièces à ma droite. Rien n’est clair. Plus rien n’est clair. Pour la première fois de ma vie, je souhaite mourir tant je me sens mal. Et en plus il y a cette souffrance qui m’interpelle. Je ressens comme un millier de deuils en même temps sans savoir pourquoi.
Pour progresser dans le corridor, je n’ai d’autres choix que de m’appuyer contre le mur. Peut-être que si j’arrive aux sources de ces cris qu’on me lance, je pourrai faire cesser la souffrance; du moins la mienne… Je ne sais pourquoi, mais je sens, je ressens devrais-je dire, que ces cris qui ne peuvent être que télépathiques sont des appels à l’aide.
Arrivé à la première ouverture donnant sur une pièce, n’ayant plus rien pour me soutenir, je tombe immanquablement.
En me relevant, de peine et de misère, une deuxième vision d’horreur apparaît sous mes yeux. Peut-être comme un boxeur en fin de combat qui a trop encaissé, le choc est curieusement maintenant à demi soutenable. Non pas que la scène soit moins abjecte. Ce qui est devant moi est inqualifiable…
Trois potences se dressent devant mes yeux, au bout desquelles pendent des corps qui ne peuvent qu’être humains. Ce ne sont pas des troubles de visions qui me font hésiter, mais l’état des corps. Démembrés et dépouillés, les oreilles et les yeux également enlevés, les corps sont accrochés têtes en bas par un morceau de chair. Les corps étant encore dégoûtant, j’en déduis que la chair doit être à vif depuis peu. Un tonneau a été prévu sous chaque corps pour recueillir les liquides. La symphonie des clapotis prend une résonance tout à fait morbide. Et l’odeur?! Je commence à comprendre la source de mes malaises.
Comme si la scène n’était pas assez horrible, je perçois des mouvements à la hauteur de ce qui semble être le reste des lèvres d’un de trois corps. Ces êtres sont vivants!!!
J’entends des pas provenant de l’escalier.
Je scrute la chambre rapidement et repère des tonneaux vides dans un coin sous une fenêtre. Je me réfugie derrière ceux-ci aussi rapidement que mon état le permet. Tapi dans ma cachette, je reste silencieux et ne risque même pas un regard de peur d’être repéré. À travers la cacophonie qui m’habite, j’entends des sons sourds, un déversement de liquide, le départ des pas, puis plus rien. En haut du moins, car en bas je crois deviner du bruit. Peut-être n’est-ce seulement de « nouveaux clients ». Je ne peux toutefois prendre le risque de tomber sur les « cuisiniers ». Je vais donc rester terré dans ma cachette jusqu’à ce que le silence complet soit de retour. Peut-être qu’à ce moment mon équilibre et un semblant de forme seront également revenus. Â
Entre temps, je sors un calepin et un stylo de ma poche et entreprend ce récit dans le but de le jeter par la fenêtre, comme une bouteille à la mer, à  l’intention d’éventuels clients.Â
À nouveau des pas…
Ceux-ci se font plus lourds. M’auraient-ils repér
FIN